Comment j’ai gardé ma prostate

Quand j’ai décidé de me replonger dans les bras d’Asclépios, j’ai cherché un ouvrage de médecine générale qui me permette de faire un premier tour de la question et qui existe sur tablette (pour l’avoir toujours avec moi). J’ai jeté mon dévolu sur Schlienger, 100 situations clés en médecine générale que j’ai besogneusement travaillé, surligné, etc.

Ce faisant et l’ayant déjà vécu, je ne suis pas retombé dans le syndrome de tout étudiant en médecine qui croit reconnaître chez lui, chaque fois qu’il les découvre, les symptômes des maladies qu’il étudie. Jusqu’à ce que j’arrive au chapitre Cancer de la Prostate. Non pas que j’aie des symptômes – si je n’abuse pas de boissons le soir, je peux tenir toute la nuit sans me lever comme on dit – mais que tout à coup ça me disait : « Le dépistage précoce du cancer de la prostate peut être proposé à titre individuel après information du patient. Il consiste, chez les hommes âgés de 55 ans à 69 ans, en un examen clinique et dosage du PSA total annuel ». Mon toubib m’avait glissé à ma dernière visite « faudra qu’on fasse le PSA la prochaine fois », comme ça, comme si c’était évident qu’il fallait le faire. Je m’étais dit que je le ferai. Je pensais que tout le monde faisait ça. Du coup le chapitre m’intéressait bigrement.

Arrivé à la Prise en charge thérapeutique, variable selon « l’espérance de vie » je me suis classé d’entrée de jeu dans la catégorie Espérance de vie > 10 ans. Je suis un incorrigible optimiste (j’ai quand même mis un moment à comprendre que ça voulait dire : catégorie des patients dont vous estimez – hors leur problème du cancer de la prostate – que leur espérance de vie est supérieure à 10 ans). Et là, en dehors de l’option Surveillance active pour les cancers localisés de faible risque (avec 99% de survie spécifique à 8 ans), les effets secondaires des différentes approches thérapeutiques n’étaient pas joyeuses : prostatectomie avec incontinence urinaire qui récupère dans 70 à 95% des cas à un an (donc 30% de chances que ça récupère pas me disais-je), dysfonction érectile (voir schéma) dont la récupération peut mettre jusqu’à deux ans (deux ans tu te rends compte, sans être sûr que ça va remarcher) sans compter les risque que les tuyaux se bouchent, etc.

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Le plus étonnant c’est que l’ouvrage proposait la prostatectomie ou la surveillance active pour exactement les mêmes cas. Je ne savais plus quoi retenir et sans penser seulement à moi (quand même) je me demandais ce que je pourrais bien conseiller demain à mes patients.

Pas la moindre référence bibliographique pour approfondir, pas la moindre allusion au débat sur le dépistage (en dehors du sybillin « peut être » du début). Heureusement il y a internet. Je n’avais pas encore connaissance des blogs et lieux de discussion de médecins, j’ignorais tout de la discussion sur le dépistage. Mais ces sujets je les ai assez vite trouvés. Par exemple le superbe texte du Dr Dupagne destiné aux hommes qui envisagent de se soumettre au dépistage, ou encore le point complet sur la question par le Dr Grange, etc. A vrai dire sans tout cela, j’aurais été just  incapable d’appréhender quoique ce soit du fond du problème. Alors merci Mesdames et Messieurs qui creusez les questions et forts de votre expérience et de capacité d’analyse commentez, diffusez et partagez les connaissances et les informations. Parce que dans les livres des professeurs ça reste très très limité.

Et perso, grâce à vous, je ne vais pas doser mon PSA. Ma prostate vous remercie aussi.

 

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