J’ai découvert il y a bien longtemps, au détour d’une formation qualité, cette idée simple que si l’on doit mener à bien une action, il faut pouvoir la faire, vouloir la faire et savoir la faire.
Dès que l’on commence à méditer sur ce schéma, en pensant à des exemples de sa propre expérience, c’est souvent assez lumineux. Bien sûr dans la vie réelle les situations ne sont jamais limpides. Je sais assez bien faire ce que j’ai à faire, les moyens que j’ai pour le faire sont pas tout à fait suffisants et je n’ai pas trop envie. Mais il faut le faire. Alors j’y arrive mais probablement pas avec la qualité de résultat souhaité.
Ce petit système d’analyse me revient à la mémoire et son application à l’exercice de la médecine m’interpelle.
Prenons l’observance :
– Le patient sait-il combien, comment, pourquoi il doit prendre son traitement, a t-il connaissance des effets secondaires possibles, de ceux qui doivent entraîner l’arrêt ou de de ceux qui doivent être supportés car on ne peut pas faire sans, sait-il les effets à attendre, quand ils doivent se produire ?
– a-t-il les moyens de suivre son traitement, d’avancer le tiers payant, la possibilité de suivre les recommandations diététiques dans son environnement culturel, la capacité de se prendre en charge ?
– a-t-il envie de le prendre, d’appliquer les mesures préventives, de suivre un traitement douloureux, de respecter les contraintes d’horaire, de régime, de suivi biologique…
Et nous, médecins – enfin vous parce que moi c’est encore en gestation – si nous nous regardons le nombril, ne retrouvons-nous pas nombre d’exemples dans lesquels notre envie, notre savoir-faire ou nos moyens pour faire notre travail ont été mis en défaut, débouchant sur des résultat thérapeutiques insatisfaisants ?
Enfin quid du duo médecin-patient ? En gardant ce schéma d’analyse, il est clair qu’un traitement sera d’autant plus efficace que l’envie du médecin de soigner et celle du patient de se soigner seront fortes (merci placebo), que le savoir-faire du médecin et la compréhension du patient seront grands, que les moyens thérapeutiques et la capacité du patient à les mettre en œuvre seront présents. La contrainte ou l’autoritarisme n’ont pas plus de place ici qu’ailleurs parce qu’elles ne marchent pas.